Quand on la voit, on a envie de chanter Bette Davis eyes. Elle en a le regard, c'est vrai, mais aussi le glam, le style et le verbe. Quand elle ne joue pas la comédie, Julie Morel chante. Elle fait souvent les deux, couverte de plumes, de résilles et de paillettes. Pièce en cinq actes avec la plus hollywoodienne des Croix-Roussiennes.
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Qui est Julie Morel en 140 signes ! 140 signes ! Ça commence bien (rires). Je ne comprends absolument rien à Twitter mais dans un spectacle de Camille Germser, (NDLR Les Muses), je jouais le rôle de Claudine qui disait « j’ai tweet ans ». Bon, j’ai dévié là, et je ne suis plus à 140 signes... Bref, je suis comédienne, chanteuse. Je vis de ma passion. Je suis maman. Je suis divorcée. Je suis une femme dans la quarantaine rayonnante, libre et fière de l’être. Et je n’ai jamais été aussi bien de ma vie que maintenant. L’interview tombe au bon moment alors ! Bah oui, j’assume tout, à commencer par mon âge. Quand tu es comédienne, on ne te demande pas forcément d’être belle, mais d’avoir du chien. Le chien, je l’ai mais il vieillit aussi (rires). J’ai eu un petit passage à vide mais, finalement, je me dis que c’est vachement bien de vieillir. La vie est trop courte, il faut profiter de chaque instant ! Où et comment as-tu rencontré le théâtre ? Je suis une deuxième d’une fratrie de trois filles. Et je crois que dans la plupart des familles, le deuxième a le besoin d'exister un peu plus que les autres. Je suis devenue très vite un clown. Je dessinais, je peignais, j’écrivais des poèmes, je lisais beaucoup. Une voie vers l’art était déjà un peu tracée. J’ai commencé le théâtre au collège et je n’ai jamais arrêté d’en faire depuis. Après le lycée, avec mes amis, on a monté le théâtre du Grabuge en 1993. Et pour le chant ? J’ai commencé plus tard, même s’il a toujours été là, quelque part au fond de moi. Dans ma famille, on chantait beaucoup à la fin des repas, des chansons populaires voire paillardes. Toute petite, j’inventais des chansons pour me rassurer, quand je rentrais de l’école et que j’avais la trouille. Mais j’ai vraiment commencé en 1997, avec des cours auprès de Pascale Auffret à l’ENM. C’est elle qui m’a poussée à passer cette audition pour L’opéra de quat’sous. Non seulement j’ai été prise mais j’ai hérité du premier rôle ! Je le voulais trop. Je me souviens que ma correspondante allemande m’en avait fait une cassette, un vrai coup de foudre ! Quel est ton plus beau rôle ?
Ah ! Tous les rôles que j’ai fait avec Camille Germser. J’adore son univers. C’est vraiment une rencontre extraordinaire dans ma vie. Son théâtre est tout en finesse, en musique, en extravagance, en drôlerie, en spontanéité et toujours avec plusieurs niveaux de lecture. On est souvent à moitié à poil, couvertes de plumes et de strass. Je travaille aussi beaucoup avec Jean Lacornerie du théâtre de la Croix-Rousse, il aime les comédies musicales et les pièces de Broadway des années 50. Es-tu une traqueuse ? En groupe, pas trop. Si j’ai un trac, c’est un petit trac qui me booste. Je suis plutôt comme le taureau qui gratte le sol en disant « Lâchez-moi maintenant. Dans l’arène, làààà ». Mais quand je suis en solo, j’ai le trac. Quel rôle tiens-tu absolument à jouer avant de mourir ? Toutes les femmes, pardi ! (rires) Parfois, j’aimerais jouer des rôles d’homme. En fait, j’avais une idée de spectacle qui reprendrait tous les grands rôles féminins, de la tragédie grecque au 19e siècle. Ah si, j’aimerais bien jouer la femme du roi qui incite au meurtre… euh comment elle s’appelle déjà ? Mac Beth. Il y a bien des choses que tu n’aimes pas dans ce que tu fais ? Bah oui, répéter parfois c’est compliqué. T’en chies un peu. C’est un processus qui peut prendre du temps et qui peut te faire douter de toi. Mais comme il y a de moins en moins de sous, on répète de moins en moins ! C’est un métier où il faut avoir la foi. Je ne crois pas en Dieu mais je crois en cette passion. Je crois que je pourrais jouer tous les soirs. Si tu n’avais pas été comédienne et chanteuse, tu aurais fait quoi ? Mais quelle question ! (Rires). Ça ne serait pas moi, ça serait une autre personne. J’aurais peut-être choisi la voie art plastique, mais sans certitude. Il faut que je m’exprime de façon directe, c’est certain. Qu’est-ce que tu ne feras jamais sur scène ? Manger mon caca. Ça, non. Le sang, pourquoi pas. Se foutre à poil aussi... tant que c’est justifié et dans la mesure où ce n’est pas fait dans la douleur. Quelle est ton actualité toute proche ? Je vais chanter au Lavoir public, fin janvier, avec Benjamin Gibert au piano. C’est un petit spectacle que j’avais monté il y a trois ans : Jolie julie, je n’ai pas de soucis mais j’ai peur de la nuit. C’est un récital que je vais étoffer en quelque chose de plus théâtral et plus cabaret. Ce sont des reprises de Jeanne Moreau, il y a aussi Toxic de Britney Spears et je vais peut-être ajouter du Pierre Lapointe que j’adore. Sinon, je joue dans un spectacle musical Alors tu chanteras, à partir de textes de Nancy Huston. C’est au théâtre de la Renaissance, du 19 au 23 décembre. Pour toi, quel est le son de Lyon ? Pour moi, c’est le marché de la Croix-Rousse. J’habite juste à côté et j’ai tous les sons du marché sous mes fenêtres : les vendeurs qui déballent, la fanfare du week-end, le vendeur rebeu à la grosse voix qui crie en boucle « un euro le plateau » à partir de 11 heures. Tu écoutes beaucoup de musique ? Énormément, de l’opéra à l’électro, du jazz au rap. Je suis aussi très pop anglaise. J’écoute très peu de musique française à part les classiques : Bashung, Arthur H, Gainsbourg. Ah si, j’ai découvert Pierre Lapointe que j’adore. Sinon, j’adore The Roots ou Rebotini. Le son de ton mariage ? C’était quoi le son de mon mariage ? Je ne m’en rappelle pas. Et puis je ne pense que je me remarie un jour. Le son de ton enterrement ? Je verrais bien La Callas qui chante le final de La Tosca, tu sais, juste avant de se jeter. S’il y a un truc qui me fout les poils, c’est bien la Callas. C’était une comédienne et une tragédienne incroyable. Je sais que les esthètes et les connaisseurs diront que sa voix patati patata mais elle me fait chialer. Le son qui te fait danser ? Vogue de Madonna ! Et puis, il y a aussi Kiss, de Prince. Là, tu peux être sûr que je me lève ! Car, oui, j’adore danser. Le son qui t’inspire ? L’électro c’est pas mal justement ! L’album de The PVT, New Spirit. Le son qui te rend triste ? Ça dépend de l’état d’émotion. Parfois tu as la chanson qui tombe au bon moment, avec la bonne émotion. Sinon, j’adore les chansons mélancoliques que tu écoutes quand tu n’es pas bien, pour bien te complaire dans ton émotion et, quelque part, te décharger. Le son qui te rend heureuse ? Ce ne sont pas de chansons gaies qui me rendent gaie. Ah si, il y a Sharon Jones et cette chanson One hundred days one hundred nights. Et This land is your land, une reprise d’une chanson patriotique. Le mec qui est mort il n'y a pas longtemps... Charles Bradley. Je suis aussi assez fan de Mélodie Gardot, Jill Scott ou Bertrand Belin. Quel est ton statut du moment ? J’aime quelqu’un depuis deux ans. Parle-nous de ton premier baiser ! C’était horrible. J’avais 15 ans — j’étais du genre en retard — et c’était dégueulasse parce que le mec qui m’embrassait ne me plaisait pas du tout. Il était moche, je l’avais juste fait parce qu’il fallait le faire. C’était le baiser test, tu sais. C’est comme ma première fois. Je me suis révélée super tard, comme une sorte de bourgeon… même si j'étais très attirée par la sexualité et les garçons (rires). J’avais envie de coucher bien sûr, mais il n’y avait personne qui me plaisait. Ou alors celui qui me plaisait ne s’intéressait pas du tout à moi. Et le jour où c’est arrivé, eh bien ce n’était pas super. Mais on s’en fout des premières fois, ce qui compte c’est après ! Et le dernier baiser ? Ce matin. Le baiser du marché. As-tu une anecdote honteuse à partager ? Ah mon dieu ! C’est horrible ! Tu vois Camille Germser, la première fois qu’il nous a toutes rencontrées, ses girls, il avait posé cette question. Et je ne sais même plus ce que j’avais répondu, d'ailleurs. Maintenant, je dirais que mes hontes du passé je les ai acceptées. Je me suis souvent mise dans des situations par timidité mais je me dis que ça arrive à tout le monde, non ? Quel livre, quel film t'ont éveillée à la sensualité ? Mes parents m’ont laissée lire n’importe quoi, pour mon âge ou pas. Du coup, j’ai lu L’amant de Lady Chatterley de DH Lawrence à 15 ans. Ça m’a excitée grave (rires) ! J’ai eu des rapports super tard mais je me suis masturbée très jeune. Donc j’avais une bonne connaissance de mon corps et de mon plaisir. Instinctivement, je savais que c’était quelque chose de nécessaire. Pourtant peu de femmes le font, les hommes oui mais pas besoin de leur dire (rires). Masturbez-vous mesdames ! Bref, mon père avait aussi des bouquins de Wolinski et de Reiser que je lisais aussi en cachette, avec un petit sentiment de culpabilité. Pour toi, Lyon est une ville érotique, romantique ou pornographique ?
Plutôt romantique avec les ponts, les rivières et ses influences italiennes. Pornographique, je ne sais pas, je ne suis encore jamais allée au sauna (rires). Mais j’ai l’impression qu’il y a un côté très libertin à Lyon mais caché. Où aimerais-tu faire des cochonneries dans Lyon ? J’aimerais bien aller dans les souterrains ! Et tous ces endroits comme les traboules, les recoins, les portes cochères où tu peux faire des choses dans l'ombre en plein été. J'aimerais bien faire des choses en pleine nature, au parc de la Tête-d’Or où il y a plein de beaux arbres contre lesquels tu peux te faire… enfin voilà tu m’as comprise (rires). Quel est le spot le plus romantique à Lyon ? J’aime beaucoup les ponts mais plutôt coté Saône. Et notamment cette petite passerelle rouge qui va à Saint-Paul, mais même le pont qui part du Voxx jusqu’à Saint Paul. Sinon, il y a un endroit magnifique, c’est le petit jardin au-dessus du musée Gadagne et la cour du musée Saint-Pierre au printemps. Trouves-tu les Lyonnais(es) sexy ? Bah ouais ! (NDLR : elle chuchote). Tout le monde dit qu’à Lyon les gens sont froids, moi je n’ai pas cette sensation. Je trouve les Lyonnais plutôt beaux, bien sûr. Quel magasineuse es-tu ? Je ne suis pas du tout une modeuse. Je fais les braderies, je vais aux Sans-Abris, je fais des vide-dressings. De manière générale, je chope des pièces à droite à gauche et je fais mon bonhomme de chemin. Et si ce n’est pas retro, ça ne va pas ! J’essaie d’être moins dans la consommation, j’aime l’idée qu’une pièce puisse circuler et avoir plusieurs vies. Bien sûr, j’aime me faire plaisir avec une belle robe de temps en temps. Quel est ton dernier achat ? Un jean Monroe, qui est le jean de Marylin dans the Misfits. C’est le jean taille haute avec des revers. Je l’ai acheté au Cabinet des curieuses, bien sûr. Es-tu du genre à acheter puis à regretter ? Jamais ! Je suis très spontanée, je marche au coup de cœur. Si je m’écoutais, je pourrais acheter tous les jours un truc. J’ai quand même 100 paires de pompes, peut-être même plus. Mais je les garde depuis des années et je les entretiens. J’ai des gros budgets chez les cordonniers. Toi qui cultives un look très hollywoodien, quelles sont tes icônes ? J’ai une fascination pas tellement pour la comédie musicale — attention, j’adore Gene Kelly ! — mais pour les films noirs américains des années 40-50. Comme mes parents ne savaient pas se servir du magnétoscope dans les années 80, j’enregistrais tous les vieux films qui passaient au Cinéma de minuit, à La dernière séance ou au Ciné club. C’est comme ça que j’ai vu tous les films avec Rita Hayworth, Ava Gardner, Marlene Dietrich, Greta Garbo, Louise Brooks… et — mes préférées — Bette Davis et Joan Crawford. Après je sais très bien qu’à cette époque, la femme n’était pas libre, mais en même temps, il y a ce développement de la féminité… qui est une projection masculine d’ailleurs et que les studios travaillaient à mort. Tout ce glamour hollywoodien me fascine. Depuis toute petite, j’ai toujours voulu être habillée comme Marlène Dietrich. C’est le comble de l’élégance pour moi. C’est un peu un rôle que tu joues au quotidien, non ? Disons que c’est une réappropriation de mon image, c’est moi qui en maîtrise les codes. Et oui, je suis dans les archétypes, je porte des talons hauts, des jupes crayon, des décolletés, je me fais des yeux de biche mais c’est pour moi que je le fais avant tout. Ma mère a toujours été très féminine aussi, ça vient peut-être de là. Ma grand-mère italienne disait toujours "ce qui est important pour une femme c’est être bien coiffée et bien chaussée, peu importe ce qu’il y a entre les deux". Tu n’as pas de survêtement dans ton dressing ? Si ! Car je répète en survêt’, que les gens se le disent (rires) ! C’est pour ça, quand je termine la journée, je n'ai qu'une envie, c'est de remettre ma jupe crayon et mes talons aiguilles. J’adore ça, j’ai envie d’être lookée, je ne veux pas être noyée dans la masse. Ce n’est pas forcément pour qu’on me remarque mais pour montrer au monde que c’est beau de s’habiller, de renvoyer de la couleur. C’est bon pour l’estime de soi. Quels sont les magasins que tu conseilles ? Mon QG est Le cabinet des curieuses. C’est l’endroit où j’ai enfin trouvé les robes de mes rêves, hyper années 50, décolletées, cintrées, en dessous du genou. Sinon, Madame des Feuillants qui fait des bijoux magnifiques dans un style retro, très art-déco. Où aimerais-tu te faire enfermer pendant toute une nuit ? Chez Pop and Shoes. J’essaierais toutes les chaussures. Ou sinon chez Pas de printemps pour Marnie pour faire un shooting photo avec le photographe Cédric Rouillat. Quel magasin manque à Lyon ? Un magasin d’escarpins, avec des chaussures espagnoles et italiennes. C’est super important d’être bien chaussée, ça fait toute l’originalité et je ne veux pas porter des chaussures en plastique. Le cabinet des curieuses – vêtements
10 rue Romarin, 69001 Lyon 04 27 02 59 52 Madame des Feuillants – Bijoux 28 rue Romarin, 69001 Lyon Pop and Shoes – Concept store, vêtements et accessoires 6 rue Chavanne, 69001 Lyon 04 78 61 10 07 Pas de printemps pour Marnie - chaussures 12 rue Gasparin, 69002 Lyon 04 78 62 35 31 Quel est ton degré de lyonnitude ? Je crois que je suis vachement lyonnitude ! Depuis que j’ai emménagé en tant qu’étudiante en 93, je n’ai guère vécu ailleurs qu’à la Croix-Rousse. Ah si, je me suis aventurée place Croix-Paquet. J’ai une vraie passion pour la Croix-Rousse. Je ne supporte pas les endroits dortoirs, j’aime les villes-villages avec de la vie, des cafés, le marché... Avant, la Croix-Rousse était hyper hétéroclite. Aujourd’hui, le côté ouvrier a tendance à disparaitre. C’est un quartier cher où la vie est chère et ça me désole. Tout le monde devrait avoir accès au bien-être du quartier. Je vais peut-être être obligée de quitter la Croix-Rousse parce qu’en tant qu’intermittente, mon salaire baisse à vue d’œil... mais pas mon loyer. Du coup, tu quitterais la Croix-Rousse pour quel quartier ? La Guill’ ou les Pentes, pour avoir une qualité de vie identique… J’aime les endroits où il y a des bars. Non pas que je sois alcoolique (rires) mais parce que j’aime le café à la française. C’est l’endroit populaire où les gens se rencontrent… ou pas, d’ailleurs ! C’est la mixité qui me plaît, avec les papys qui font leurs mots-croisés, les mecs qui carburent au vin blanc, les types du chantier d’à côté qui font leur pause. Parle-nous du café où nous sommes précisément ! Avant, c’était le Cassoulet, whisky, Ping-Pong. Je l’ai vu naître quand j’avais mon appartement d’étudiante rue d’Austerlitz. Aujourd'hui, il s'appelle la Voguette. Ce n’est pas exactement pareil mais il y a toujours ce côté chaleureux avec le papier peint, le mobilier hétéroclite, le vin qui est bon, les tapas… Pour toi, quel est le lieu le plus insolite à Lyon ? Je suis nulle à ce genre de questions. C’est là où tu te rends compte que tu connais mal ta ville. Les traboules, c’est un truc insolite qui existe nulle part ailleurs. Là, je ressors du festival Novembre des Canuts qui retrace toute l’histoire ouvrière de cette fabrique dispersée qu’est la Croix-Rousse. Par son histoire, c’est un quartier insolite. Imagine ici le bruit d’atelier qu’il y avait ici en continu, le fameux bistanclaque pan ! des métiers à tisser la soie. Quelle est ta salle de spectacle préférée ? J’adore le théâtre de la Croix-Rousse qui a un beau rapport scène-salle. Le théâtre de la Renaissance aussi parce que j’y ai beaucoup joué. Du coup, c’est un peu la famille, la maison. Et il y a l’Élysée aussi, ce petit théâtre un peu défraîchi et vintage dans le 7e. Quel lieu est associé pour toi à un souvenir d’enfance ? Le TNP. La première fois que j’ai vu un spectacle avec mes parents et mes sœurs, c’était là-bas. C’était Les peines de cœurs d’une chatte anglaise, un spectacle chanté avec des costumes et des masques d’animaux. Un truc très anglais. Et j’ai compris 30 ans plus tard en écoutant la radio que c’était un spectacle d’Alfredo Arias. J’ai eu un choc esthétique, un truc de gamin où tu te dis « je veux faire ça ». J’avais 8 ans et c’était la première fois que je mettais les pieds dans un théâtre. Quel est le lieu que tu préfères ? Le musée Saint-Pierre. Je trouve que c’est un musée à taille humaine, avec une magnifique collection. Cet endroit est apaisant, c’est un ancien cloître donc un lieu destiné à la prière, au repos de l’âme et ça se sent, c’est dans les murs. Mais j’aime Lyon dans sa totalité. Sinon, il y a la Sucrière. Je trouve génial d’utiliser ce bâtiment industriel aux volumes énormes pour la Biennale. Qu’est-ce qu’il manque à Lyon ? Justement, peut-être une belle friche dynamique comme à Marseille. Et des lieux où l'on puisse écouter la musique librement. Ils nous font chier avec le bruit (rires) ! Si Lyon pouvait vivre à l'heure espagnole, ça serait génial ! Se coucher tard, faire la fête. Vivez, dansez, bougez, quoi ! Quel est le lieu que tu détestes ? Je n’aime pas trop Fourvière, l’église hein, pas le site archéologique. Je la trouve moche architecturalement. On l’appelle l’éléphant renversé. Je préfère mille fois Saint-Jean, Ainay, Saint-Nizier ou Saint-Bonaventure…. Oui, j’ai un faible pour les églises car j’ai fait histoire de l’art, tu sais, avec une UV art gothique, art roman... Aujourd’hui, te vois-tu vivre ailleurs qu’à Lyon ? À Rome ? Non c’est trop compliqué pour des histoires de garde d’enfant. Plus sérieusement, j’avoue, j’ai un désir de nature qui s’immisce en moi (rires). La ville au bout d’un moment, avec l’âge tout ça, tu t’en lasses. Où sors-tu à Lyon ? Maintenant tout le monde sait que je suis très bar (rires). Et il y en a deux ou trois que j’adore. La Discrète notamment, dans les Pentes. C’est un bar associatif tenus par des trentenaires sympathiques. Sinon, La Voguette, Drôle de Zèbre, le Sky Bar, l’Interlude, le bistro fait sa broc, le BOMP, le Technoir. La Discrète – bar
18 bis rue des tables claudiennes, 69001 Lyon La Voguette – bar à vin 4 rue Belfort, 69004 Lyon Drôle de Zèbre – bar 6 rue de Cuire, 69004 Lyon 04 72 07 02 89 Le sky bar 26 rue Hyppolite-Flandrin, 69001 Lyon 04 78 23 06 60 L’Interlude – café restaurant 8 rue de la Platière, 69001 Lyon 04 78 28 35 96 Le Bistro fait sa broc - bar 1 rue Dumenge, 69004 Lyon 04 72 07 93 47 Le BOMP – café restaurant 1 place Croix-Paquet, 69001 Lyon 09 73 18 78 43 Le technoir – café 118 montée de la Grande-côte, 69001 Lyon 04 72 05 73 92 Priscilla Horviller recrée Julie Morel en créature intemporelle surgie des vapeurs d'Hollywood et projetée dans l'espace temps lyonnais ! Glamour, un brin dominatrice, lascive ou lassée des hommes, on ne saurait le dire, mais on la retrouve libre et incandescente ! Priscilla Horviller a grandi avec un papa professeur de dessin. Les chats ne font pas des chiens ! Illustratrice, graphiste, intervenante en bande dessinée, elle a créé en parallèle le blog Les Aventures de Cocotte, où son double dessiné raconte de façon drôle, tendre ou poétique ses pérégrinations.
Ils n'en font qu'à leur tête ! Avec leurs oiseaux replets et colorés, les gones du collectif lyonnais Birdy Kids revendiquent une liberté totale de mouvement, de style et de parole. Avec une vingtaine d'artistes de street art, ils ont réinvesti le musée d'art religieux de Fourvière. En attendant leur prochain coup qu'ils qualifient de "pharaonique", Guillaume Mathieu, l'un des deux Birdy Kids, s'est plié à l'interrogatoire de Gone.
Présente-toi en 140 signes ! Je suis Guillaume. Mon frangin, c’est Gauthier. On a créé Birdy Kids. C’est un univers avec lequel on fait ce qu’on veut. Comme un vaisseau qui nous permet de voyager, de vivre, de rencontrer des gens. On vous colle souvent l’étiquette street art, vous revendiquez ? Les étiquettes, faut arrêter, ça ne sert à rien. Juste à référencer les gens dans des catégories basiques qui ont été inventées — j’imagine — par la Fnac pour ranger les disques et pour que les gens achètent plus vite. Tu peux nous mettre dans la catégorie que tu veux. Mais les étiquettes se décollent très vite. Le street art, pourquoi pas, si on considère que c’est une forme artistique qui naît dans la rue. À ce moment-là, le skate, c’est aussi du street art. Avoir un swag de ouf dans la rue, pareil. On peut aussi se présenter comme entertainer, on est là pour amuser la galerie. Comment sont nés les Birdy Kids ? La trajectoire est assez basique. Tu es enfant, tu dessines, tu t’accroches à ton univers, puis tu acceptes que ça devienne ton métier. Pour nous, il n’y a pas eu de décision, d’objectif ou de business plan. Un jour, on a lancé une série de tee-shirts, ça a été la folie à Lyon et, du coup, on s’est dit que ça pouvait marcher. On a aussi monté ce collectif pour ne plus aller au charbon tous les matins, pour arrêter avec des jobs qui ne nous plaisent pas et pour pouvoir dormir un lundi matin si on sent que c’est comme ça (rires). Et comment faites-vous tourner la boutique ? L’objectif a toujours été d’être indépendants. On ne doit rien à personne. On a quelques mécènes mais sur un mode donnant-donnant. On vit du merchandising de nos produits, tout ce qu’on trouve sur notre site. On bosse pour des clients, des annonceurs et des particuliers qui nous commandent des toiles. Niveau technique, vous collez et vous bombez ? Là aussi, on fait ce qu’on veut ! Dans tous les microcosmes, tu auras des puristes qui te diront qu’il faut faire comme ci ou comme ça. Nous, dès qu’on entend ça, on est très excités pour faire exactement l’inverse. On ne se pose pas la question. On fait ce qui procure du plaisir, à nous et aux gens. Quel est votre degré de lyonnitude ? On est Lyonnais depuis… euh 2000. Avant, on était à Paris. Une fois de plus, je te fais une réponse hybride. Ce n’est jamais blanc ou noir avec nous. Mais on est Lyonnais parce qu’on s’attache à la culture d’ici, parce qu’on est des acteurs locaux et aussi parce que les Lyonnais nous ont donné énormément. Sans eux, on ne serait pas aussi heureux. On est clairement des gones ! C’est dur de bosser avec son frangin ? C’est surtout dur de bosser sans. Disons qu’on arrive à un tel niveau de travail, de complémentarité qu’être l’un sans l’autre ça devient compliqué. Et puis on rigole bien. Comment les Birdy kids sont arrivés à la fondation de Fourvière ? En fait, on sortait d’un échec, on voulait monter une expo collective qui a été saccagée par la mairie du 6e. Ils ont flippé au dernier moment en disant « ça va être du graffiti, il y aura du rap, des kaïras. Pas dans le 6e ». On était un peu déçus. Et la fondation de Fourvière nous a contactés à ce moment-là. On leur a proposé une exposition collective. On a réuni une vingtaine d’artistes à qui on a donné carte blanche. On les a simplement invités à ouvrir les yeux, sur le quartier, sur le musée. Pour beaucoup, c’était l’occasion de peindre sur les murs d’un musée qu’ils avaient visité avec l’école. Les gens de la fondation sont contents du résultat ? Très heureux, même émus ! Ils avaient cette problématique de faire entrer des gens dans la basilique et dans le musée. Beaucoup viennent, regardent la vue et repartent. En plus, l’entrée du musée est discrète et ils n’ont pas les codes que nous avons pour se rendre visibles dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Nous, c’est notre cœur d’activité. Street art et religion cohabitent bien ? Oui. On a laissé le truc ouvert aux bénévoles du musée — ils sont plus de 300, un truc de ouf — pendant le montage de l’expo. La moyenne d’âge, c’est 70 ans à peu près. On a toujours pris le temps de parler avec eux. Ils avaient un regard chelou sur notre travail. Ils voyaient des symboles partout, des évocations de la Bible… On ne savait pas de quoi ils parlaient mais c’était cool. Inversement, quand on leur parlait de notre travail, ils ne comprenaient pas tout. Enfin, si, l’émotion en substance. Et ils aimaient, vraiment. Ils ont fait le lien avec le public d’habitués du musée et c’était déjà presque acquis. Ils ont vite compris que le street art est le courant le plus populaire du monde. Ils ont fait un vernissage avec 2 500 personnes, des jeunes, des vieux, des noirs, des blancs, des meufs, des mecs… Pour nous, c’était une soirée normale de jeunes, avec des fûts de bière du Ninkasi, un DJ électro. Pour eux, c’était ouf, ils ne savaient plus où ils habitaient (rires). Vous avez d’autres projets en préparation ? Ouais, mais c’est trop tôt pour en parler. Un projet pharaonique avec beaucoup de mécènes, de sponsors, de partenaires. Donc on ferme notre gueule (rires). Lyon aime se dire capitale de beaucoup de choses. Vrai pour le street art ? Lyon est une ville sans street art. Sans culture street en règle générale. On arrive à avoir des mecs qui percent mais ils finissent par se barrer. La ville a énormément verrouillé les choses. Elle a tué le street art, du moins elle n’a pas mesuré l’importance de cette culture. Ils s’en battent les couilles. (silence). Quinze ans de retard. C’est pour ça qu’on a décidé de revenir à Lyon après avoir beaucoup voyagé. C’est notre dernière cartouche, par contre. À côté de ça, à Saint-Denis et à Paris, il y a une avenue du street art, qui va de la Villette jusqu’au stade de France. Ça fait des kilomètres linéaires dédiés au street art. Eux ont saisi le plaisir que ça procure aux gens. La ville de Lyon, non. Ils passent beaucoup d’argent à combattre une culture qu’ils feraient mieux d’apprivoiser. Exposition Watching You - Street art à Fourvière
Musée d'art religieux, à droite de la basilique Jusqu'au 30 janvier 2018 Quel est le son de Lyon ? On était avec Grems la semaine dernière à Lyon. Il a fini d’enregistrer son nouvel album, en collaboration avec des Lyonnais, des producteurs comme Exodus. En ce moment, mon son de Lyon, c’est un peu ça. Malheureusement c’est un peu un son de Parisien pour le coup, même si on a clipé le premier titre à la Doua. Il s’appelle Fantomas. Tu écoutes beaucoup de musique ? Beaucoup de rap. Le rap c’est bien (rires). Le rap est devenu très hybride. Tu l’auras compris, j’aime les choses décloisonnées par définition. Pendant 15 ans, le rap il fallait que ça fasse poum poum tchak. Je n’ai rien contre le poum poum tchak, il y en a eu des mortels. Mais maintenant il y a d’autres influences. Les nouveaux producteurs fonctionnent comme ça. Un mec comme DJ Snake arrose la planète avec des nouveaux sons, il travaille avec Major lazer et pourtant, il vient de la culture très très rap. Pendant longtemps la culture hip-hop a subi le purisme, mais c’est casse-couille quand tu passes 15 ans à respecter les mêmes codes. C’est qui tes chouchous du moment ? En ce moment, j’aime bien un français qui s’appelle Josman. Je le trouve bien ricain, sans faire du trop ricain. Il a son truc. On sent les influences ricaines mais c’est bien dosé. Il y a un truc dans l’écriture qui ne fait pas Matt Houston. Sinon, j’adore Post Malone depuis l’album Stone A. Je ne m’en lasse pas. Quand tu n’écoutes pas du rap, tu écoutes quoi ? La musique brésilienne. J’aime quand les DJ vont chercher et retravaillent la musique brésilienne comme Jil Peterson ou Fuzati. Il y a un pur truc inexplicable. C’est ensoleillé, c’est mélancolique. Ça ne se limite pas à la samba et aux sifflets. Vous travaillez en musique ? Toujours en fond sonore. Je fonctionne beaucoup avec des albums. Là, on écoutait Michael Jackson avant que tu arrives mais on pourrait enchaîner avec du Nougaro. On passe souvent du coq à l’âne. Quel est le son qui te fait danser ? Michael ! Je pourrais t’en citer plein, mais Michael c’est le boss. Quand je l’écoute dans le métro, ma tête bouge toute seule. Et le son qui te rend triste ? Il n'y en a pas forcément, mais il y a des sons que j’évite d’écouter quand je suis triste. Un son ne me cassera jamais le moral. Il y a des morceaux mélancoliques que j’adore et je sais quand les écouter ou ne pas les écouter. Si j’écoute du Wagner quand je suis miné, ça peut partir en couilles. Le son qui te rend heureux ? Ordinary Joe de Terry Callier. Il me rendra heureux toute ma vie. Écoute-le une seule fois, tu comprendras. Ce morceau, ils l’ont retiré de toutes les plateformes. On ne retrouve que des versions live avec un son moins cool. Si je pouvais mourir sur ce son ! On a trouvé la chanson pour ton enterrement alors. Et pour le mariage ? Le mariage, tu oublies (rires). Pour moi, c’est Rage against the machine, Bullet in the head. Le son qui te fait rire ? Sur l’album de Grems, il y a une chanson qui s’appelle La chatte. C’est un amoureux des animaux mais pour le coup, ça ne parle pas de chat. C’est marrant et stylé. Laurel San, des fêtes de famille, j’aime bien aussi. C’est bien écrit et tout, un bon rythme. |
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