UltraSofa, c'est quoi ? J’ai créé cette marque de mobilier en 2008. Je dessine les collections, je fais fabriquer les canapés dans des ateliers, j’achète les matières premières pour maîtriser au maximum l’approvisionnement, je gère la commercialisation et la logistique. C’est assez vaste finalement ! Tu fais tout toute seule ? Oui, je n’ai pas encore passé l’étape de déléguer. Alors bien sûr, il y a des choses que je n’ai pas le temps de gérer comme la communication mais je suis bien comme ça. Tant que je ne m’ennuie pas, je ne cherche pas à changer de mode de fonctionnement. Comment es-tu arrivée là ? Au départ, j’ai fait des études de physique. Ensuite, j’ai travaillé à l’international pour une boîte taïwanaise d’informatique industriel. Rien à voir avec les canapés, donc ! Mon goût pour le mobilier et les belles choses est familial. Mon grand-père vendait des canapés. Mon père, lui, était designer chez Roset. J’ai donc grandi dans les canapés : il y en avait absolument partout dans la maison ! Il y a une dizaine d’années, j’ai proposé à mon père de modéliser les canapés qu’il dessinait à la main. Les logiciels de 3D, c’était mon job à l’époque. C'était le point de départ. Je me suis rapidement installée comme designer indépendante avant de créer mes premières collections.
Plus fort que le made in France, tes canapés sont made in Rhône-Alpes-Auvergne Oui, tout est fabriqué dans la région, de l’Ain pour les pieds des canapés Calista par exemple jusqu’à Roanne pour les mécanismes et la couture. C’était une volonté de montrer qu’on peut encore fabriquer localement. En revanche, il est aujourd’hui difficile de garantir un produit 100% français en mobilier. On ne sait jamais précisément d’où viennent les bois et les tissus. Pour l’anecdote, je me souviendrai toujours de cette fois où j’ai commandé un tissu soi-disant français qui mettait du temps à arriver. Quand j’ai demandé où était ma livraison, on m’a informée qu’il y avait des problèmes d’acheminement depuis l’Asie… Est-ce si compliqué de fabriquer localement aujourd’hui ? Ce n’est pas facile. Quand l’atelier isérois à qui je confiais la fabrication a fermé, j’avais un carnet de commandes à honorer et il fallait se retourner rapidement. Aujourd’hui, peu d’ateliers sont capables d’avoir des flux de production variables. La souplesse en France n’est pas facilitée, il faut de la régularité. Étonnamment, les ateliers ont du mal à embaucher. Quand les couturières partent à la retraite, personne ne reprend la suite. Les jeunes ne sont pas attirés par ces métiers sans doute. Aujourd’hui ton showroom est à Rochetaillée, mais tu as commencé à Lyon je crois ! En fait, au tout début, lorsque je n’avais que trois modèles, je voulais faire de la vente par internet. Mais les gens voulaient voir, toucher et essayer les canapés. Un jour, j’ai dit « j’en ai un dans mon salon, venez voir ». C’est comme ça que mon appartement rue Sainte-Catherine est devenu mon showroom. Les clients étaient surpris mais sensibles au côté intimiste et réaliste. Et puis les canapés étaient testés et approuvés par mes enfants ! Ensuite, j’ai partagé pendant 3 ans un showroom avec Elsa Somano, une créatrice de luminaires, place Bertone à la Croix-Rousse. Mais le développement de mon activité en sur-mesure me demandait plus de présence chez le client ou en atelier. C’est ce qui m’a poussé à m’installer à Rochetaillée où je dispose d’un vaste espace avec tous les tissus et toutes mes collections. Triste d’avoir quitté Lyon ? Non puisque j’y suis tous les jours ! Et j’y viens d’ailleurs avec encore plus de plaisir. Rochetaillée n’est qu’à 20 minutes à vélo. Et au fond, je me sens Lyonnaise… même si je suis née en Haute-Savoie. Si tu n’avais pas fait ce métier ? J’ai toujours adoré la physique. Si c’était à refaire, je ferais de la recherche en milieu aquatique.
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